Remise du Prix Laurette Fugain 2022

Remise du Prix Laurette Fugain 2022

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Le Prix Laurette Fugain a pour vocation d’encourager les jeunes médecins à s’engager dans des travaux de recherche médicale et à contribuer à l’excellence de la recherche française. La distinction est remise dans le cadre du Congrès de la Société Française d’Hématologie, le plus prestigieux en France dans le domaine de l’hématologie. Elle constitue une récompense et une valorisation de la qualité des travaux de recherche entrepris.

Le prix Laurette Fugain ne constitue pas un financement à proprement parler de projets de recherche médicale. L’attribution du prix est dédiée par un jury, composé des membres du conseil d’administration et du comité scientifique de la Société Française d’Hématologie et de l’association Laurette Fugain.

Depuis 2004, ce sont ainsi 37 médecins et chercheurs à haut potentiel qui ont été soutenus par le Prix Laurette Fugain.

Les prix Laurette Fugain 2022

Le prix Laurette Fugain a été décerné le 31 mars 2022 au Dr Matthieu Duchmann ainsi qu’au Dr Jean-Édouard Martin.

Projet lauréat du Dr Matthieu Duchmann

Dr Matthieu Duchmann - Prix Laurette Fugain 2022
Dr Matthieu Duchmann

Dans le cadre de ma candidature au prix Laurette Fugain – Recherche Clinique – édition 2022, j'ai présenté mon travail portant sur l’impact pronostique des co-mutations et le rôle de l’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques dans les leucémies aigues myéloïdes (LAM) avec mutations d’IDH1 ou IDH2 traitées par chimiothérapie intensive.
Ce travail a été réalisé sous l’égide du groupe ALFA (Acute Leukemia French Association) et a récemment été publié dans la revue Blood (Duchmann M, et al. Prognostic significance of concurrent gene mutations in intensively treated patients with IDH-mutated AML: an ALFA study. Blood. 2021 May 20;137(20):2827-2837).

Une mutation des gènes IDH1 ou IDH2 est retrouvée dans les cellules leucémiques dans environ 20% des LAM de l’adulte au diagnostic. Ces mutations entrainent la production d’une molécule anormale (2-hydroxyglutarate) qui modifie l’expression des gènes et bloque la différentiation des cellules hématopoïétiques en globules blancs matures.
Il existe un regain d’intérêt ces dernières années pour les mutations IDH1/2, car des inhibiteurs ciblés des enzymes mutantes ont récemment été approuvés dans le traitement des LAM présentant ces mutations. Ces inhibiteurs permettent d’obtenir des taux de réponses intéressants, et leur intérêt principal réside probablement dans leur utilisation en association à d’autres molécules, comme la chimiothérapie qui reste le traitement de référence.
Des essais cliniques randomisés ont ou sont sur le point de débuter pour évaluer le traitement combinant inhibiteurs d’IDH et chimiothérapie intensive, mais le rôle pronostic des co-mutations et l’impact de l’allogreffe ne sont pas bien connus chez les patients avec mutations d’IDH traité par chimiothérapie intensive.

Notre étude rapporte que les différentes mutations IDH (IDH1, IDH2 p.R140 et IDH2 p.R172) ont des présentations cliniques et biologiques différentes, et doivent être considérées comme des types de leucémies distincts. Nous avons également pu montrer que la présence de mutations du gène NPM1 est le principal facteur pronostic chez les patients avec mutations IDH1 et IDH2 p.R140. Ce résultat est important, car il suggère que le statut mutationnel NPM1 devra être pris en compte lors de l’attribution des traitements dans les futurs essais cliniques évaluant l’association inhibiteur IDH + chimiothérapie.
Enfin, nous avons pu montrer que l’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques semble prolonger la survie des patients avec une LAM IDH de risque non-favorable. Les indications de greffe devront donc être clairement définies dans ces futurs essais, et celle-ci devra être prise en compte lors de l’analyse des résultats de ces combinaisons. Nous espérons que ces résultats pourront aider le développement et l’interprétation des futurs essais cliniques dans les LAM avec mutations IDH, afin d’identifier les patients qui bénéficieront le plus de ces nouveaux inhibitieurs.

Projet lauréat du Dr Jean-Édouard Martin

Dr Jean-Edouard Martin - Prix Laurette Fugain 2022
Dr Jean-Edouard Martin

Les inhibiteurs de Poly(ADP-ribose) polymérase (PARPi) ont été introduits depuis plusieurs années dans l’arsenal thérapeutique des cancers solides tels que les cancers de l’ovaire, du sein, de la prostate ou encore du pancréas.
Ces thérapies utilisent les faiblesses des cellules cancéreuses afin d’induire leur propre autodestruction. Ces médicaments sont prescrits aux patients par voie orale quotidiennement, jusqu’au diagnostic d’une progression du cancer solide.
Les bénéfices que ces molécules ont apportés dans la survie des patients sont considérables et elles font parties indiscutablement des grandes avancées en cancérologie ces dernières années.

Bien que cette nouvelle famille de médicaments fasse partie des thérapeutiques dites ciblées, il est néanmoins décrit des toxicités hématologiques avec une diminution des globules rouges et des plaquettes, conduisant dans certains cas à entreprendre une diminution de dose ou un arrêt de ces traitements. Certains patients traités par PARPi ont malheureusement développé des cancers du sang tels que des syndromes myélodysplasiques (SMD) ou des leucémies aigües myéloïdes (LAM).
Ces maladies conduisent à un défaut de production des globules rouges, des plaquettes et/ou des globules blancs. Une grande analyse regroupant des essais cliniques a confirmé cette augmentation de risque de développer des cancers du sang sous PARPi.

Notre étude, réalisée à Gustave Roussy en collaboration avec d’autres centres d’hématologie en France, décrit pour la première fois les caractéristiques de ces cancers du sang. Nous avons montré que les patientes traitées avec PARPi pour un cancer de l’ovaire peuvent développer des cancers du sang de pronostic extrêmement défavorable. Nous nous sommes donc intéressés à la phase précédant la maladie hématologique chez ces patientes. Nous avons pu observer durant le traitement par PARPi, en amont de la maladie hématologique une augmentation progressive au cours du temps de certaines anomalies présentes au stade du cancer du sang.

Enfin, chez les patientes sous PARPi pour cancer de l’ovaire qui n’ont pas développé de LAM ou SMD, nous avons constaté une augmentation d’anomalies génétiques de mauvais pronostic dans les cellules sanguines au cours du traitement. Cette observation nous fait suggérer que les PARPi conduiraient à augmenter le nombre des cellules anormales du sang jusqu’au développement de la maladie. La portée de ces observations est majeure compte tenu de l’utilisation croissante des PARPi en cancérologie. Le pronostic défavorable de ces cancers du sang nous a montré qu’il est primordial de prévenir ces maladies. Le fait que ces cellules malades puissent être suivies en amont de la LAM ou du SMD nous semble être un outil particulièrement intéressant dans la surveillance au cours du traitement par PARPi.

Fort heureusement, toutes les patientes présentant des cellules malades n’ont pas développé de LAM ou de SMD. Il reste donc primordial d’identifier quels sont les patients à risque de développer un cancer du sang au cours du traitement par PARPi.

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