Le témoignage de Pauline

Le témoignage de Pauline

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Découvrez le témoignage poignant de Pauline, atteinte d'une leucémie à 29 ans et greffée de moelle osseuse à 2 reprises.

Je m’appelle Pauline, j’ai 37 ans, je suis maman d’un jeune garçon de 10 ans.
Il y a presque 8 ans, le 1er avril 2015, j’ai eu ma première consultation en hématologie, après avoir passé une semaine à l’hôpital sans trop savoir ce que mes symptômes cachaient.
Je n’avais pas 30 ans; l’âge de tous les possibles.

Une grosse fatigue, des aphtes qui se multipliaient dans toute ma bouche et sur ma langue, m’empêchaient de boire et de manger, des tâches rouges sur mes jambes, style purpura, les premières apparitions de pétéchies partout sur mon corps.
Que voulait dire tout cela ?

Au service Hématologie de l’Archet Nice, après un gros bilan sanguin, j’ai eu droit à mon premier myélogramme. Je détiens le score de 18 à ce jour !
24 heures plus tard, mon téléphone sonne… Il était temps que je prépare mes affaires, j’allais être hospitalisée…
Mais pour combien de temps ?

Le lendemain, accompagnée de ma famille, me voilà assise sur le bord du lit dans la chambre qui m’avait été destinée.
Les médecins et les infirmières étaient là, debout devant nous, expliquant plus ou moins ce qui allait se passer, j’avais l’impression de ne rien comprendre.
Mon regard était plongé dans le vide et je voyais les gens bouger autour de moi sans plus rien entendre. D’un coup, je relève la tête et dis : “Bon d’accord je comprends. Je vais faire un peu de chimio et je pourrai rentrer chez moi et reprendre mon travail dans 4 mois.”

Une main amicale se posa sur mon épaule, et l’infirmière s’assit à côté de moi et me dit d’une voix douce… “Pauline, vous n’avez pas compris. Ça risque d’être plus long que cela, mais tout va bien se passer, nous allons vous accompagner“.  J’ai senti mes larmes couler sur mon visage. J’ai ressenti comme un grand vide en moi . Tout le monde évitait de croiser les regards des uns des autres. Choqués, nous écoutions, sans rien dire, mais les questions se bousculaient dans nos têtes.

A partir de ce jour, c’est une parenthèse de ma vie qui s’est ouverte, je me demandais si elle allait se refermer rapidement, ou si elle allait s’ouvrir sur quelque chose de meilleur.

J’étais atteinte de LMMC2 : Leucémie Myelomonocytaire Chronique de type 2, une maladie rare que l’on retrouve selon les statistiques chez les hommes de plus de 60 ans… Intéressant n’est-ce pas…?

Très rapidement le protocole de chimiothérapie a été mis en place. Étant donné mon jeune âge, il m’a été proposé de pratiquer une ovariectomie avant de commencer la première cure. Une décision assez lourde à prendre mais à cette période de ma vie j’espérais avoir un deuxième enfant. Un de mes deux ovaires a été congelé et l’est toujours aujourd’hui.
La ménopause a été provoquée par une piqûre au niveau de ma cuisse droite… J’ai toujours un bleu.. Un acte difficile à évacuer.

Un PICC line m’a été posé, c’est un dispositif pour faciliter l’administration des traitements intraveineux, en préservant les veines. Il permet également les prises de sang, il est retiré après l’hospitalisation longue durée et peut être conservé jusqu’à 6 mois.
Le protocole chimiothérapique d’induction coulait par cycle sur une semaine. La première hospitalisation dure 1 mois, suivie d’un retour à la maison de 3 semaines. De nouveau 1 mois d’hospitalisation avec un nouveau protocole de chimiothérapie, puis retour 2 semaines à la maison. Le but du traitement est de faire un “reset” du système immunitaire. Ce dernier se met en aplasie, pour éviter d’attraper des infections. Il n’est alors pas possible d’ouvrir les fenêtres ou de sortir de la chambre, durant l’hospitalisation. Les personnes qui viennent me rendre visite sont tenues de porter un masque, et clairement de ne pas être malade ou porteur de maladies transmissibles. On préfère ne pas avoir de visite plutôt que de prendre le moindre risque. Et pendant la période d’aplasie, qui dure environ 3 semaines, on mise vraiment sur le RISQUE ZÉRO.

La dernière étape est la greffe de la moelle osseuse, qui se passe dans un autre service appelé “Unité Protégée”. On y est comme dans une bulle : c’est une chambre totalement aseptisée et ventilée. Toutes nos affaires (le minimum) passent dans un stérilisateur pour retirer toutes bactéries. L’hospitalisation dure environ un mois et demi. Les fenêtres sont verrouillées, il y a un sas avec double porte, une fenêtre qui donne dans le couloir, pour communiquer par téléphone et se voir au travers, pour éviter de rentrer dans la chambre au maximum.  La ventilation au plafond fait un boucan pas possible, je l’ai vite associé à un bruit de vent et de vague sinon c’était nuits blanches assurées.

La greffe de moelle osseuse tient dans une poche de perfusion, comme tous les traitements que j’ai reçus : perfusions de chimio, de médicaments, transfusions de sang et de plaquettes… Ohh! je ne vous ai pas dit, je suis allergique aux transfusions de plaquettes. La première je m’en rappelle encore, tremblements, montée de fièvre, une sensation très désagréable…  Heureusement, il existe les antihistaminiques qui, par la suite, m’ont été injectés avant chaque poche.

Le cœur serré, me voilà installée dans cette bulle pour entamer cette dernière étape, dernière chimiothérapie de consolidation avant de recevoir la greffe. Ah oui, avant d’arriver à ce stade, à cette chance, faut-il encore avoir un donneur compatible. Il faut savoir qu’il y a 1 chance sur 1 million de trouver un donneur. 

Pour trouver un donneur, les médecins font appel à la fratrie, la compatibilité est d’1 chance sur 4, ce n’était pas le cas pour moi. Les coordinatrices de greffe lancent une recherche dans le fichier mondial des donneurs de moelle osseuse, qu’on appelle “les Veilleurs de Vie”.
Par chance, il y avait 3 profils compatibles avec moi. C’est fou comme avoir l’impression de se sentir “banale” était parfait à ce moment-là. Les médecins recherchent la meilleure compatibilité pour que les antigènes HLA soient les plus proches possible entre le donneur et le receveur. Nous recherchons un 100%.
Une fois le donneur choisi, il est contacté et donne son accord pour faire le don. Une batterie d’examens sont  réalisés et, si tout est conforme, le prélèvement de la moelle osseuse peut se faire. 

Pendant ce temps, affaiblie par la 3e et dernière chimiothérapie, je passe énormément de temps à dormir, je m’alimente peu, car lors de l’aplasie, toutes les défenses immunitaires sont à zéro. J’ai fait un zona, et une forte mucite, du bout des lèvres jusqu’au tube digestif (inflammation des muqueuses qui peuvent aller jusqu’à créer des crevasses), qui m’empêche de boire et de manger.
Le temps me parait long, je regarde par la fenêtre tous les avions qui passent en me disant que bientôt, l’avion transportant la poche de don de moelle allait arriver à tout moment.

Le 19 juin 2015, un avion atterrit pour moi, le donneur avait rempli sa mission de “veilleur de vie”. Lorsque le don est réalisé, la moelle osseuse doit être réinjectée dans un délai de 72 heures. 
Le don de moelle n’est pas douloureux, j’avais le droit à ce que ma maman soit avec moi pour la transfusion.

Maman passe beaucoup de temps avec moi à l’hôpital. Durant toutes mes hospitalisations, nous jouions aux cartes, elle massait mon grand corps affaibli, nous écoutions de la musique, elle me regardait dormir… 

Une fois greffée, les douleurs et toutes les gênes causées par l’aplasie disparaissent au fur et à mesure, le système immunitaire remonte jour après jour. La sortie approche, je vais pouvoir rentrer à la maison. Mes affaires sont prêtes. Les infirmières viennent pour retirer mon PICC line.
En le retirant, je fais un malaise. Tout le monde s’agite autour de moi : prise de sang, hémocultures, prise de tension, température. Je dois rester sous contrôle le temps de voir ce qu’il se passe. Une semaine de plus annoncée car il y a des bactéries sur le PICC line. Repos et antibio le temps d’éliminer ces vilaines bactéries.

Les 3 mois post greffe sont importants. Le régime alimentaire stricte mis en place dès l’hospitalisation doit être respecté. Je peux manger seulement des fruits et légumes qui sont lavables, épluchables et désinfectés, pas de lait cru, pas de viande ou poisson cru, pas de pamplemousse (qui interagit avec certains médicaments et anti-rejet), pas d’eau du robinet, éliminer les mauvais sucres (à faire au maximum pour tout le monde, car il nourrit les mauvaises cellules).
Le temps d’adaptation une fois rentrée à la maison est assez difficile et, en même temps, c’est un pur bonheur d’être enfin sortie de cette bulle, de respirer le bon air pur, de profiter de mon fils, de jouer avec lui et de profiter de mes proches.

Mi-septembre, je me rends à l’hôpital pour la ponction lombaire de contrôle post greffe.
La greffe n’a pas fonctionné. Mise en place d’un nouveau protocole mais sans être hospitalisée cette fois-ci. Je pouvais rester à la maison et devais me rendre en hôpital de jour tous les matins du lundi au dimanche toutes les 3 semaines pour deux piqûres de Vidaza en intramusculaire dans les bras, le ventre ou les cuisses. Cette chimio est comme des petits cristaux qu’il fallait réchauffer dans nos mains pour que le passage soit moins douloureux. J’ai un souvenir violent de ces 6 mois, les infirmières ne savaient plus où piquer, il n’y avait plus de place sur mon corps, le produit avait créé des plaques rouges et douloureuses. 

Finalement, recevoir de la chimiothérapie en restant chez soi, gérer son quotidien et son enfant, n’était pas chose facile. Les effets secondaires s’étaient installés, grosse fatigue, maux de cœur, fébrilité, température, je traînais la patte. Tant bien que mal, j’accompagnais mon fils à l’école, je dormais beaucoup la journée pour récupérer et m’occuper de lui le soir.

Après l’allogreffe, il est possible que le greffon réagisse contre l’hôte (GVH), dans ce cas des traitements de corticoïdes sont administrés pour contrôler les effets. Il y a différentes sortes de GVH. A la fin de la dernière cure de chimio, mon corps a réagi en faisant une grosse jaunisse, qui est une réaction du foie. J’ai été de nouveau hospitalisée pour être sous contrôle. Par la suite, pendant un an et demi, j’ai fait de la photophérèse, en hôpital de jour, allongée durant 4 heures, à raison de 2 fois par semaine, j’étais branchée à une machine par mes deux bras. D’un côté, le sang allait de mon corps à la machine et, de l’autre, de la machine à mon corps.

Au fur et à mesure, les cures se sont espacées, jusqu’à une rémission. J’arrivais enfin à espacer les rdv médicaux, les prises de sang. Je reprenais ma vie de jeune femme célibataire avec mon fils. J’ai recommencé à reprendre une activité physique, j’ai voyagé avec mon fils et ma maman. Je suis parfois partie en week-end avec mes amies. Pas totalement libérée et sereine mais je faisais du mieux que possible pour laisser derrière moi ces 3 années d’acharnement médical, où l’on naviguait dans le brouillard depuis l’annonce de la maladie.
Mon corps avait tellement encaissé jusqu’ici que ce n’était pas si facile de vivre “simplement”. Au fil de ces années, les angoisses s’étaient installées. La peur d’une probable rechute était omniprésente. Mon corps avait besoin de se refaire une santé et mon moral et mental aussi. Je me suis souvent endormie en me demandant si j’allais me réveiller.

En février 2020, prise de fatigue extrême, je ressens le besoin d’aller faire une prise de sang au laboratoire près de chez moi. Alors que mon bilan du mois de janvier était bon, j’avais des pétéchies sur mon corps, des douleurs se manifestent dans ma bouche. Très rapidement, je reçois par mail les résultats. Mes yeux balayent l’analyse et s’arrêtent sur la ligne des cellules blastiques… J’ai d’abord cru qu’il y avait une erreur. Je suis remontée tout en haut pour vérifier mon nom et prénom. Les larmes coulent le long de mes joues, je crois hurler mais aucun son ne sort de ma bouche. Je transmets immédiatement la copie à mon médecin. Et je l’appelle dans la foulée. Je ne pouvais pas attendre. Au son de sa voix, je me rends compte de suite qu’il n’avait pas encore pris connaissance de mon mail, qu’il ouvrit sur le champ. Le blanc qui coupa notre dialogue me fit froid dans le dos. J’éclate en sanglots, je ne pouvais pas croire qu’une deuxième rechute s’était emparée de moi.
Très rapidement, j’ai fait de nouveau tous les examens, prise de sang, (40 tubes), myélogramme… Sans plus attendre, un nouveau protocole de chimiothérapie est mis en place. La greffe n’a pas tenu, il me faut un nouveau donneur.
C’est reparti pour un tour, examen du cœur, examen du souffle, électrocardiogramme, gros bilan sanguin,  recherche d’un nouveau donneur.

9 mars 2020, me voilà de nouveau dans une chambre d’hôpital au service hématologie. Le côté positif, c’est que je connais les lieux et le personnel soignant. La peur de l’inconnu n’est pas présente comparée à la toute première fois. Je m’y installe plus facilement,  j’y ai même apporté un petit confort avec ma bouilloire pour me faire mes infusions à toute heure de la journée, mon extracteur de jus pour les jus vitaminés. Une semaine après, je me retrouve sans visite et cela pendant toute la durée de l’hospitalisation… Le confinement a été mis en place. J’ai donc passé ce mois et demi seule face à moi-même.

Heureusement, que nous avons la communication en visio qui me permet de voir mes proches. Tout comme en 2015, j’ai sorti mes cahiers de coloriage mandalas, j’ai écrit tout ce qui me passait par la tête, ce que je vivais et ressentais et, nouveauté, j’ai commencé à chanter et à travailler sur moi. L’introspection est un travail de longue haleine. Avec le recul, je réalise que travailler sur soi est une très bonne chose pour se sentir bien dans son corps, bien dans sa tête, en harmonie avec son “moi-intérieur”.  

Mais grâce à cette période compliquée, ces mois d’hospitalisations qui se sont enchaînés de nouveau, j’ai commencé à apprécier à être en présence de moi-même. Prendre conscience de certaines choses de son passé, de son vécu, de ce que nous voulons vraiment n’est pas chose facile, mais c’est important. Pas besoin d’être malade pour faire un travail, je pense aujourd’hui que toute personne à son niveau peut améliorer son bien être, sa qualité de vie et faire la paix avec son passé pour aller de l’avant.

Étant moins en colère, occupant mon temps avec des activités qui me plaisent, me retrouver face à moi-même m’a permis de traverser cette nouvelle épreuve avec plus de facilité, plus de sérénité. Cela n’empêche pas d’avoir eu des moments de peur, de solitude, de tristesse… Mais j’ai connu également des moments uniques, comme chanter avec les infirmières et un de mes médecins qui jouait de la guitare. Un moment unique, magique, rempli d’émotions. J’ai commencé également à raconter ce que je vivais chaque jour sur les réseaux sociaux, cela m’a aidé à me sentir moins seule, à partager ma douleur, à discuter avec des personnes sans pression, sans jugement, juste avec le cœur. J’ai apporté du soutien à certaines personnes et j’en ai également trouvé. Par la suite, j’ai également rencontré des personnes en réel, et pour cela c’est magique.

Comme en 2015, les mois d’hospitalisations se passent de la même manière, hôpital, maison, hôpital, maison… Pour la dernière chimio de consolidation , je me retrouve de nouveau dans la fameuse bulle.
A 5 ans d’intervalle, je vivais une seconde greffe de moelle osseuse. 

Quelques protocoles en 5 ans avaient changé, évolué. Un kiné venait en chambre pour soulager les douleurs, une socio-esthéticienne le temps d’un moment pour soi, il y avait eu la mise en place d’une coach sportive.
Des aides très précieuses, car prendre soin de soi et continuer une activité physique est primordial pour garder un minimum de forme physique et mentale. J’ai vraiment apprécié avoir recours à ces aides. J’aimerai que dans les temps à venir, que l’aide au patient puisse encore être améliorée, tout comme les repas.. je n’en ai pas parlé jusque-là. Car c’est vraiment catastrophique, aussi bien au niveau de la présentation que de la qualité des plats. C’est un sujet très complexe à aborder malheureusement.

La perte d’appétit et les douleurs buccales qui m’empêchent de manger et de boire amène le corps médical à imposer la pose d’une sonde alimentaire, j’avais réussi à la refuser 5 ans en arrière, mais cette fois je n’y échappe pas. Un moment fort désagréable pour moi, un mauvais souvenir, j’ai essayé, mais impossible pour moi de la supporter. Je l’ai gardé 3 jours et, après la greffe, j’ai supplié qu’elle soit retirée.

Le 16 juin 2020, une nouvelle fois, un avion atterrit pour moi, un nouveau donneur avait rempli sa mission de “veilleur de vie”.
Je portais un tee-shirt avec comme inscription : ” c’est pas la mer à boire”.
J’allais être guérie, j’avais droit à une deuxième chance de vivre la vie que je veux.
Avec le temps, je réalise de plus en plus que la vie nous envoie ce que nous sommes capables de supporter. Malgré les embûches que chacun peut traverser, la vie vaut la peine d’être vécue.

Les mois passèrent, j’étais surveillée comme le lait sur le feu. Mon quotidien était rythmé par les rdv médicaux de contrôle toutes les semaines.

Au mois de novembre, pour rebooster ma moelle, les médecins prennent la décision de m’injecter les lymphocytes du deuxième donneur. Ce dernier a une nouvelle fois répondu présent pour moi. J’ai été hospitalisée une dizaine de jours avec une “petite chimio” et la transfusion de lymphocytes.

Quelque temps plus tard, lors d’un contrôle, on se rend compte que les deux moelles que j’avais reçues se faisaient la guerre. Aucune des deux moelles n’étaient assez fortes jusque-là pour prendre le dessus et faire fonctionner mon système immunitaire correctement… 
Au milieu de ce duel, de nouveau la maladie fait apparition… C’est comme un combat à trois. Je finis par me dire que je n’en finirai jamais, malgré les efforts que je faisais, le mental d’acier que j’arrivais à garder au travers de ces lourdes épreuves. Le combat continuait, je n’allais pas baisser les bras après tout ce chemin parcouru…

Le 6 juillet 2021, c’est reparti, de nouveau installée dans une chambre en hématologie, une nouvelle chimiothérapie est mise en place… En fait pas si nouvelle, car c’est le vidaza qui revient, mais en plus j’avais de la chimio en Per Os (par voie orale). Je suis restée hospitalisée un mois, entre toutes les hospitalisations, c’est la période où j’ai le plus réalisé que tout venait de l’intérieur, que nous seuls, pouvions changer les choses.

Les médecins décident que je fasse cette chimio qui se déroule sur un an… Comme en 2015/2016, je me rendais à l’hôpital chaque matin pour recevoir les piqûres. En novembre, en allant à ma consultation, j’éclate en sanglots devant mon médecin, en lui expliquant que je n’y arrive plus, que je ne supporte plus les traitements, je souffrais physiquement, psychologiquement, mon corps me disait très clairement qu’il ne pouvait plus endurer la chimio. Mon médecin comprend ce que je lui dis et accepte de stopper le traitement afin de voir comment ça allait par la suite.

Après plusieurs semaines, mois, tout allait bien. Je reprends du poil de la bête et mes résultats sont stables. Je ne regrette en aucun cas d’avoir fait ce choix, d’avoir écouté les messages envoyés par mon corps.

En janvier 2022, j’ai dû me faire opérer d’un stade avancé du papillomavirus. J’ai frôlé le cancer de l’utérus… 
En février, j’ai commencé à faire de la GVH au niveau des muqueuses, tout l’intérieur de mon corps était complètement enflammé. De nouveau difficile de boire et manger. J’avais également fait de la GVH cutanée, des taches brunes s’étaient installées sur mon ventre et mon torse. Nous avons pu contrôler tous ces effets secondaires, avec des traitements adéquats et du temps. Ça a duré quelques mois. Je prends toujours certains traitements aujourd’hui.

Après 2 années compliquées, j’ai toujours gardé une fatigue quotidienne mais j’ai pu monter prendre le grand air à la montagne et même skier. Puis partir me reposer en Bretagne et découvrir cette belle région.
Tout est rentré dans l’ordre, les résultats sanguins sont bons, je m’écoute et écoute mon corps, je prends soin de moi et me repose.

Durant l’été, j’ai commencé à être un peu plus fatiguée… et petit à petit, j’étais essoufflée.
En septembre, quand le rythme de l’école reprend, c’était de plus en plus dur. Je commence donc un traitement dit expérimental.
Fin septembre, à ma consultation, je fais des tests de souffle et une gazométrie… J’ai perdu en capacité pulmonaire, mon taux d’oxygène est limité. Le soir même, on m’installe à domicile de l’oxygène, je commence à l’utiliser jour et nuit.
Ça devenait de plus en plus dur, je toussais énormément, jusqu’à avoir de fortes douleurs dans les côtes et au dos. J’avais de plus en plus de mal à me tenir droite, et mon quotidien m’épuisait et je n’avais plus la force de manger.

Début novembre, je suis allée deux fois aux urgences, car j’étais en détresse respiratoire, puis pour une pyélonéphrite, je suis restée 4 jours au service des urgences. En sortant, je suis allée en convalescence chez maman, à ce jour j’y suis encore. Je ne pouvais plus rester seule. J’ai dû rester alitée tellement j’étais épuisée et ensuquée par les traitements antibiotiques en plus de mes traitements quotidiens.
Les médecins disaient que c’était de la GVH pulmonaire, j’avais arrêté le traitement expérimental car il ne servait à rien vu l’ampleur que ça prenait. De plus en plus, j’avais du mal à bouger, à me déplacer, à me tenir droite et à respirer tout simplement. L’échange gazeux entre l’O2 et le CO2 ne se faisait pas correctement.

Je pensais avoir vécu le pire mais non, le pire était là. On dit que tout va bien lorsque la santé va… c’est une certitude. Mais je peux vous assurer que respirer, c’est la Vie. Sans cela, le corps ne répond plus de rien. Tout devient un calvaire au quotidien.
Je me suis sentie diminuée, une grande frustration s’était installée. Je n’arrivais plus à manger, j’ai rapidement perdu 8 kg. Jusqu’à 40 kg pour 176 cm. L’effort quotidien était de prendre une douche. Je me réveillais en crise d’angoisse la nuit. J’avais peur de mourir, comme jamais je n’avais eu peur.
Heureusement j’avais commencé la kiné respiratoire, grâce à cela, j’ai gardé le cap et j’ai fait travailler ma respiration, mes poumons et j’ai continué comme je pouvais à faire du renforcement musculaire, les kinés avaient de l’espoir et m’en redonnaient à chaque séance.

Les jours passèrent mais mon état ne s’améliore pas.
Début décembre, j’ai fait une fibroscopie des poumons, les résultats de l’examen qui montraient un virus respiratoire appelé VRS (virus respiratoire que l’on retrouve chez les nouveaux-nés). Je ressens un soulagement dans les yeux de mon médecin, car il comprend mieux cette descente aux enfers que je venais de vivre. Il m’explique que si je suis là, assise devant lui c’est que le virus a disparu car sinon j’aurai été en réanimation.
Ce qui m’a aidé sont les séances de kiné respiratoire. Heureusement que je n’avais pas lâché le rythme malgré mon épuisement car cela aurait pu être pire.

J’ai passé la nuit du 13 au 14 décembre au service pneumologie pour la mise en place d’une VNI (ventilation non invasive), qui soulage tous mes muscles respiratoires pendant mon sommeil. 

J’ai pu passer le soir de Noël en famille, grâce à la magie de Noël, j’avais troqué mes tenues de sport dans lesquelles je nageais contre une petite robe noire. J’ai pu goûter à toutes les bonnes préparations que maman avait faites.

Le réveillon de la saint Sylvestre fut plus difficile, j’avais de nouveau beaucoup de mal à manger et j’étais épuisée. Le lendemain, j’étais toujours aussi fatiguée et je me sentais mal, finalement les pompiers finissent par venir me chercher. J’ai passé la nuit aux urgences, de nouveau un virus respiratoire dont on n’a pas vraiment de nom, s’était installé.
Traitement antibiotique, de nouveau alitée à la maison… Épuisée, éreintée, je gardais mon calme et pensais du plus profond de mon cœur, que le plus dur était derrière moi.

Doucement je vais de mieux en mieux, le quotidien devient plus facile, je fais l’effort de manger un peu plus chaque jour. Je continue la kiné respiratoire, les exercices de respiration et renforcement musculaire. Je respire mieux, j’apprends à respirer et à utiliser la capacité pulmonaire que j’ai.

Je n’ai pas pu rentrer dans tous les détails de tout ce que j’ai vécu car c’est bien trop long. Mais je souhaite rajouter, qu’au cours de toutes ces années, j’ai pratiqué la médecine parallèle. Et je pense que soigner son corps et son âme aide à guérir.

Je remercie les praticiens que j’ai pu rencontrer, ma famille, mes parents pour m’avoir aidé dans ces démarches et m’avoir soutenue, surtout maman qui a toujours été présente à mes côtés, pendant mes longs mois de convalescence, elle s’est occupée de moi sans relâche, tout au long de cette folle aventure.

Merci à tout le personnel soignant.
A mes deux donneurs qui ont répondus présents pour devenir “Mes Veilleurs de Vie”
A mes amies pour être là dans les bons comme dans les mauvais moments, dans les pleurs comme dans les rires et délires, à mes abonnés pour leur soutien et nos échanges de parcours
A mon fils, c’est aussi grâce à lui que j’ai trouvé ma force de warrior,
A mon nouveau conjoint, rencontré il y a un peu plus d’un an qui fera partie de ma renaissance.

Et bien sûr, je me remercie moi, avec mon âme de guerrière qui a su relever tous ces défis de santé, pour vivre maintenant ma meilleure vie.

Merci à l’association Laurette Fugain, de m’avoir permis de faire ce témoignage.

Avec mes plus belles pensées


Pauline

– pseudo @l_extra_ordinaire –

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